Joueur emblématique de Lidl Star Ligue, découvrez Geoffroy Krantz. Du titre de champion européen avec Montpellier (2003) à la dernière saison de sa carrière avec Saint-Raphaël, il nous "résume en quelques lignes" ses 18 ans de carrière.
Je me considérais comme un jeune en devenir, ça me frustrait |
1. Vous commencez le hand dans la région de Gien (Loiret), qu’est-ce qui vous amené à la pratique de ce sport ?
Un peu par hasard, mon prof de sport et d’UNSS, Francois Parbaud, était aussi entraîneur au club de Gien, il a demandé à mes parents si je pouvais faire un essai en club. Il s’est ensuite chargé de tout ou presque, les trajets aller-retour, 40 km tout de même. Sans lui, je pense que je n’aurais jamais fait un semblant de carrière. Il fait partie des personnes à qui je dois grandement.
2. De 2000 à 2007 vous évoluez avec Montpellier, avec qui vous remportez la Ligue des Champions. Pouvez-vous revenir sur ces années dans l’Hérault ?
Je suis passé d’un club modeste au meilleur club de France, avec des exigences que je n’avais jamais vues, ni même imaginées. La première année, en préparation, je me suis souvent demandé si j’allais réussir à tenir un jour de plus, mais on se surprend à y arriver et même à y prendre plaisir à la longue. Ensuite c’était une expérience extraordinaire de s’entraîner et jouer avec de si grands joueurs confirmés comme Martini, Puisegur, Golic, Dinard ainsi que d’autres en devenir tel que Karabatic, Guigou, Kabengelé, et j’en oublie, je pourrais citer toute l’équipe. Le tout coaché par, sans nul doute, le meilleur entraîneur de France, voire plus. J’y ai appris énormément.
3. Vous partez ensuite pour Gummersbach, dont François-Xavier Houlet est le directeur sportif. Qu’est-ce qui a changé pour vous lorsque vous étiez en Allemagne ? A Montpellier, je me considérais sans doute encore comme un jeune en devenir, ce qui me frustrait. En Allemagne tu n’es ni allemand ni jeune, on n’a pas vraiment le droit à l’erreur. Je me suis ouvert à une autre culture et une autre langue. Tout ceci m’a fait mûrir. J’ai adoré le regard tactique que les Allemands ont, c’est une partie du handball que j’avais très peu saisie jusqu’alors. |
4. Avec ce club vous enchaînez les titres européens (Coupes des Coupes en 2010 et 2011, Coupe EHF en 2011). Pourquoi avoir fait le choix de revenir en France ?
J’allais avoir 30 ans et, malgré le plaisir pris sur et hors des terrains 4 années en Allemagne, ça use. J’ai une offre de Saint Raphaël, un club ambitieux, ma belle famille vit à 30 km et la ville offre une qualité de vie d'exception entre terre et mer. Le choix était évident.
J’allais avoir 30 ans et, malgré le plaisir pris sur et hors des terrains 4 années en Allemagne, ça use. J’ai une offre de Saint Raphaël, un club ambitieux, ma belle famille vit à 30 km et la ville offre une qualité de vie d'exception entre terre et mer. Le choix était évident.
J’ai eu affaire à des comportements formidables |
5. Lors de la saison 2014-15, vous êtes dans la tourmente pour une affaire de dopage, vous ne pouvez donc pas jouez la saison à cause de votre suspension, comment aujourd’hui vous voyez cette affaire ?
Il m’arrive de me demander ce que les gens pensent quand ils me voient sur un terrain. Je ne peux pas blâmer ceux qui estiment que j’ai triché, qu’est-ce que je penserais à leur place… Seul moi et la personne à qui appartenait la bouteille dans laquelle j’ai bu sommes sûrs de ce qui c’est passé en définitive, le reste n’est que convictions. En revanche, j’ai eu affaire à des comportements formidables, notamment de la part de mon club, je ne pense pas que beaucoup d’autres clubs m'auraient soutenu comme l’a fait le mien. Sans leur aide et leur soutien ma carrière se serait terminée d’une façon bien plus terne.
6. Comment jugez-vous la saison de St-Raphaël ? Vous êtes toujours en lice en Coupe EHF et vous vous disputez la 3e place avec Nantes.
Bien que nous ayons raté quelque rendez-vous, nous sommes à mon avis exactement à notre place sur tous les tableaux. Il faut continuer comme ça et ce sera encore une très bonne saison.
7. Et la vôtre ?
Correct, j’arrive encore à rendre service à l’équipe sur différents postes pour pallier aux blessés. Mais ce n’est sans doute pas ma meilleure saison, heureusement, je serais obligé de continuer sinon...
Images 1, 2 &3 : © Anne Champion
Je ne vois pas ce que je pourrais encore trouver comme challenge ailleurs
8. Vous avez 36 ans, comment envisagez-vous la suite de votre carrière ? Et comment appréhendez-vous « l’ après » ?
Je vais mettre un terme à ma carrière, on se plaît énormément ici. Ma femme, qui m’a suivi toutes ces années et a trouvé sa voie et je ne vois pas ce que je pourrais encore trouver comme challenge ailleurs. Je prends cela comme l’opportunité de m’épanouir de nouveau dans un autre métier, de réapprendre de nouvelles choses et rencontrer de nouvelles personnes. “L’après” sera aussi bien que “le présent”, j’en suis convaincu.
9. Quelques mots pour conclure cette interview ?
En répondant à ces questions, je me rends compte qu’une carrière peut se résumer à quelques lignes, avec quelques titres ou belles performances. Mais au-delà de ça, en touchant du doigt mes limites, physiques, mentales ou émotionnelles, j’ai appris à mieux me connaître, je suis devenu un homme meilleur je crois.
Par Hugo Bâcle